A la découverte de Quentin Dée, une icône Française de l’univers Fetish

Mais qui est donc Quentin Dée ?

C’est le personnage que j’interprète pour mes spectacles et pour un tas d’autres choses comme des photos, une identité et mon engagement pour l’ouverture d’esprit, la liberté…

On me demande également pourquoi « Dée ». D parce que c’est la première lettre de mon nom de famille, ée parce que cela représente mon style androgyne. Ce qu’il faut savoir également, c’est qu’en Thaïlandais, sawatdee khap/ka signifie bienvenue. Je trouve donc que cela donne une bonne énergie. Beaucoup de lieux en Thaïlande contiennent ce mot qui peut être associé à Bienvenue…

Quentin Dée
Grâce et élégance…

Etre performer, c’est une vocation ?

Oui complètement. J’en suis totalement addict. C’est plus fort que moi, j’ai besoin de ce partage, de ce dépassement de soi même. J’ai aujourd’hui 27 ans et suis pro depuis 2013. J’ai commencé à l’âge de 7 ans la danse et le patin à glace pendant 10 ans. Puis j’ai fait une école de pole dance à partir de 19 ans.

Mais la finalité de mon personnage aujourd’hui, c’est un peu le mélange de tout cela, de tout ce que j’ai traversé. J’ai des connaissances en maquillage, en danse, en mise en scène, en costumes parce que je fais mes costumes moi-même. Quand je regarde mon parcours, je me dis que je ne peux qualifier cela autrement que par le terme vocation. J’ai d’ailleurs en fait commencé dans les fêtes de famille dans lesquelles je faisais des spectacles en vendant des tickets !

Maman… première fan ?

Oui, complètement. La relation que j’ai avec ma mère est souvent incomprise. Ma mère est ma meilleure amie, ma confidente. Quand j’apprends une bonne nouvelle, je m’empresse de la partager avec elle. Tout comme pour les secrets que je peux avoir. Je parle de tout avec ma mère.

Quel est votre univers ?

L’univers dans lequel j’évolue est assez vaste mais en restant dans un esprit mélancolique, Dark, magique, underground. Tout ce qui sort du commun. Chacun utilise une façon différente de s’exprimer dans la danse et le spectacle. Moi j’avoue que j’aime jouer plus sur la sensibilité que sur le côté dynamique. Souvent les interprétations dans mes shows sont accompagnées de musiques douces. J’ai également beaucoup d’inspiration de la part de gens qui ont une vraie grosse identité.

J’interprète des choses différentes. On a tous une identité mais c’est vrai que j’en accumule beaucoup. Je suis Gay, j’ai le corps recouvert de tatouages, je suis androgyne avec mon maquillage, mes costumes et bien sûr le côté performances, le travail de prestance etc

Le milieu libertin est-il particulièrement propice à votre univers ?

So Fetish…

Absolument. Beaucoup de gens pensent que le milieu libertin a une connotation uniquement sexuelle. Mais pour moi cela n’est pas forcément cela. C’est aussi avant tout un état d’esprit.

Echangistes ne s’associe pas forcément au mot libertin… Je suis par exemple actuellement dans un gros centre Fetish/BDSM/libertin en Allemagne et c’est en fait pour moi une façon de s’exprimer. Ce sont des gens qui se donnent le libre arbitre sur plein de choses. C’est une façon de s’ouvrir qui est différente. Pour moi me produire dans un club libertin ce n’est pas me produire pour des gens qui viennent consommer du sexe. Pour moi c’est m’exprimer pour des gens qui sont ouverts d’esprit, qui aiment l’artistique et qui s’intéressent aux choses. Ils comprennent ou cherchent à comprendre ce que je fais.

Vous vous produisez régulièrement au Cap d’Agde… What else ?

Même si c’est un peu prématuré de dire cela, je ne suis pas certain de continuer au Cap d’Agde avec la même régularité. Cela fait 7 saisons que je m’y produis, j’ai travaillé dans tous les établissements, pour toutes les grandes figures du Cap.

Le Cap d’Agde est une porte ouverte vers le monde entier car c’est international et il m’a énormément apporté. J’ai eu l’occasion de travailler dans les quatre coins du monde grâce au village. J’ai écumé l’Europe grâce au Cap (Budapest, Prague, Rome, Londres, Bruxelles, Copenhague, Barcelone, Madrid etc). J’ai fait Chicago, j’ai travaillé en Asie etc.

Je me spécialise de plus en plus dans le cabaret plus que dans l’animation. Je me suis trouvé une nouvelle passion pour cela car c’est une autre vision du spectacle.

J’ai d’autres projets en cours et je ne sais pas à l’heure actuelle quelle sera ma future histoire avec le Cap. Mais je n’oublie pas le Cap d’Agde !

Le Cap reste chez moi. Ma maison est là-bas, mon atelier est là-bas, ma famille est là-bas, mes amis sont là-bas. Mais je suis réaliste. Ma maison est là-bas et l’an dernier j’y ai dormi seulement un mois. Je passe ma vie à droite à gauche…

Il est parfois bon de jouer avec le feu…

Comment se passe la préparation d’un show ? Vous répondez à des demandes précises ou vous proposez des performances ?

En général les clients connaissent la liste de ce que je fais. Chaque show à un nom et ils choisissent. Parfois on me demande un thème particulier et je réalise alors des choses plus spécifiques. Ensuite je puise de l’inspiration dans beaucoup d’éléments pour concevoir mes shows : personnage de film, musique etc. Cela peut être tout ou rien… Parfois je suis en club et j’entends une musique au bout de la nuit qui va m’interpeller. Je vais alors la shazamer et je vais créer quelque chose autour de cela.

Par exemple l’an dernier j’avais fait des personnages un peu magiques comme le Vaudou ou Lucifer.

J’ai à peu près 30 shows dans mon répertoire. Mais monter un show est un travail de longue haleine. Beaucoup de paramètres sont à prendre en considération (musique, costume – d’autant plus que je les fais), innover etc.

Quel genre de show préférez-vous ?

Je vais répondre un peu différemment en évoquant une expérience que j’ai vécu en début d’année lorsque j’ai été pris en guest au cirque électrique. C’est un univers complet car entre le lieu, les artistes et le public, c’est vraiment parfait. Cela m’a permis de rencontrer certains artistes dont j’étais très fan. C’était une expérience incroyable que d’évoluer dans ce cirque traditionnel dans lequel se produit uniquement des artistes alternatifs.

Qu’est-ce que l’on ressent durant un show ?

Houla plein de choses ! Ce que je voudrais dire en premier lieu c’est que tous mes shows racontent une histoire, que les gens la comprennent ou pas car chacun a sa propre perception d’un show. C’est un peu mon jardin secret que je dévoile à travers mes spectacles. Je me plonge dans quelque chose qui me touche, ce qui me permet de rentrer dans une certaine zone rouge. Les gens le ressentent à travers les émotions que je dégage. Beaucoup de shows ont donc un rapport avec des choses que je vie comme une déception amoureuse, un engagement etc.

Vivre son show, clef de l’émotion partagée…

Par exemple à la grande finale à Chicago j’ai fait un numéro qui débutait par une vidéo montrant tout ce que l’humain est capable de faire de mal sur la planète (pollution, violence sur animaux etc). Je suis arrivé avec un costume traditionnel Indien et j’ai joué sur la musique Imagine dont les paroles disent « Imagines le monde sans religion, sans frontières… ». C’est donc une forme d’engagement qui me permet de toucher facilement le public parce que c’est quelque chose qui me touche. Tout comme l’an dernier quand j’avais interprété des personnages magiques où l’histoire racontait que j’étais fou amoureux d’une personne et que j’essayais de l’oublier en interprétant plusieurs identités pour conjurer ce mal. Si je reprends l’exemple du personnage Vaudou, les gens me voit évoluer mais moi j’imagines faire de la magie pour arriver à oublier cette personne.

Quentin Dée c’est aussi de la Pole Dance…

Bien évidemment il y a la pole dance. C’est une réelle passion car j’adore le mélange du sport et de l’art. J’ai un très bon niveau en pole dance et pour moi c’est un accessoire qui permet de mettre en avant son corps. Pour moi c’est le meilleur accessoire érotique. Je l’utilise beaucoup dans mes spectacles. Mais il y a aussi le feu, la façon de s’habiller, la façon de danser, l’interprétation. Je me considère donc comme un artiste visuel qui fait voyager les gens.

Quentin Dée en show pole dance
Sublimation de l’art…

Vivez vous de votre art ?

Complètement. Mes parents, qui me soutiennent tous les deux dans ce que je fais, ont toujours été très terre à terre dans le business et de fait je n’ai jamais perdu ce sens du business. Je pense que c’est très dur de vivre de sa passion et surtout dans mon métier car il faut vraiment savoir tout faire (artiste, businessman…). Ce sont des sacrifices mais il faut y croire. J’ai beaucoup galéré mais par exemple aujourd’hui si je veux un beau costume pour réaliser un spectacle j’ai les moyens de me l’acheter. Lorsque j’ai commencé c’était beaucoup plus compliqué. Il faut s’investir un maximum mais pas n’importe comment. Il faut être méthodique.

Le costume, partie intégrante du show…

Vous êtes parti à la conquête des Etats-Unis, racontez-nous ça !

C’est le fruit du hasard ! Il s’avère que depuis quelques années je travaille au cabaret La Garçonnière à Genève. C’est un des meilleurs cabarets d’Europe. S’y produisent des artistes de renommée internationale. J’ai à cette occasion découvert ce fameux concours continental qui distingue les meilleurs artistes au monde.

Je ne me suis jamais senti vraiment concerné car je me considère comme alternatif même dans les cabarets. Je ne suis pas transformiste, je ne suis pas Drag Queen, je ne fais pas de la ressemblance. Mais on m’a fait comprendre que je pouvais tout à fait avoir ma place. Je me suis alors présenté à la dernière minute au championnat d’Europe à Lyon que j’ai gagné.

Il y a une centaine de concours de ce type dans le monde. A l’issue de ces concours, les 30 meilleurs sont pris et vont à Chicago. J’ai ensuite été sélectionné pour aller à Chicago et là j’ai vécu une histoire de rêve avec en premier lieu des supers conditions de voyages car sponsorisées. Un vrai show à l’américaine. J’ai bénéficié de dix jours de préparation sur place afin que je puisse travailler sur le nombre très important de critères sur lesquels nous sommes notés (interview, défilé en maillot de bain, défilé en costume, talent etc). Le premier soir j’ai fait partie du top 12, le deuxième soir top 5 et j’ai fini 4éme avec la meilleure note au talent.

C’est incroyable car j’ai été confronté à un jury composés de talents extraordinaires. Des drag queens connues dans le monde entier, les super stars du cabaret etc. Ca m’a ouvert énormément de portes. Ca m’a touché car je suis parti au 20 Août après une saison compliquée au Cap. Etant parti de rien, ayant évolué dans le milieu libertin, n’ayant jamais fait de cabaret et tant très sensible, j’ai vécu cette aventure de manière particulièrement forte. J’ai eu énormément de gratitude pour moi-même, pour la situation mais aussi pour tous les gens qui m’ont encouragés. Comme quoi, cela peut arriver à tout le monde !

Quand la passion mène à la réussite…

Faire un show à la Chrysalide avec d’autres performers comme Mère Dragon, cela doit être excitant…

Complètement. C’est la deuxième Dark Fetish que je fais là-bas et je m’y suis produit 4/5 fois, en l’occurrence avec Léa avec qui nous sommes sur la même longueur d’onde artistiquement. C’est à chaque fois un réel plaisir.

Ce qui me fait particulièrement plaisir, c’est de voir qu’en France quelques personnes se bougent pour promotionner le Fetish car il y a très peu de soirées dans cette thèmatique. J’organise moi-même le Musée Obscène et je vois bien que le sujet plait… Et je compte vraiment relancer cette dynamique avant l’été.

Quentin Dée dans 5 ans ça donne quoi ?

Je suis cette année dans un tournant artistique. Beaucoup de changements sont à venir pour moi. C’est vrai que j’ai toujours plusieurs cordes à mon arc avec différents projets dont celui de devenir sédentaire. Mais je ne sais pas encore sous quelle forme.

Peut être que j’ouvrirai un établissement un jour et il n’est pas impossible que ce soit sur Toulouse car c’est une ville que j’adore. J’y ai passé pas mal de temps vis-à-vis de l’école de pole dance que j’ai fréquenté. De plus mes frères habitent là-bas et c’est vrai que nous sommes tous les trois très proches. Nous n’avons qu’un an d’écart. Nous sommes des super potes. Ils ne sont pas du tout dans mon univers mais ils soutiennent à fond ce que je fais.

Le message de Quentin aux lecteurs du blog…

Si des gens ont des doutes sur des soirées telles que celle organisée par la Chrysa le 12 Octobre, qu’ils n’hésitent pas à franchir la porte. Il y a beaucoup d’apriori négatifs vis-à-vis de ces soirées-là mais c’est avant tout une rencontre de gens avec une certaine sensibilité et une très grande ouverture d’esprit. Pour moi venir à une soirée de ce type, c’est l’assurance de passer un bon moment et de faire des rencontres intéressantes. J’ai toujours un grand plaisir à aller au-devant des gens.

Que serait un artiste sans public et sans fan ? Et quelle meilleure fan que sa maman ? C’est en partant de cette évidence que nous avons rencontré la mère de Quentin Dée… Plongée dans la touchante intimité d’un duo hors norme…

Une relation osmosique…

Bonjour Laurence, comment vit-on la condition de Maman de Quentin Dee ?

Très bien ! Je suis la seule et unique à savoir plein de choses indiscrètes sur lui ! Je sais tout car nous sommes « super collés ».

A t’il toujours eu cette fibre artistique ?

Toujours ! Depuis qu’il est né en fait, il a toujours fait des spectacles fait à chaque réunion de famille. L’été il faisait des spectacles à l’extérieur. C’était notre bout en train ! Avec beaucoup de préparation etc. Il était à fond dans ses spectacles. Il a toujours été un artiste. Il a fait des cours de patinage artistique et du modern jazz et il a toujours été dans des groupes de filles le seul et unique garçon. A la base il était coiffeur mais au final il a été déçu de faire, comme il le dit si bien, de la « coiffure Ginette » (ndlr : de la ménagère moins de 50 ans !) car il avait envie d’être coiffeur d’artistes et travailler sur des coiffures élaborées. Il a toujours eu le souci de bien faire les choses. Il a donc commencé à faire de petites choses, de petits spectacles… mais toujours très bien avec un souci du détail très pointu. Il est en perpétuelle évolution. Il va toujours au fond des choses, il est passionné.

Manifestement Quentin est addict aux tatouages…

Je crois qu’en fait j’ai été la première à être tatouée, puis son papa. Il a vu nos tatouages mais au début il n’était pas trop porté sur la chose. Mais il en a fait un, deux. Par la suite, nous en avons fait un ensemble à Patong (ndlr : En Thaïlande). Cela a été une révélation pour lui car la tatoueuse qui s’en occupe est particulièrement talentueuse. Il y retourne désormais régulièrement… et il y a même amené son frère !

Question intime… la maman est elle aussi tatouée que le fils ?

Pas autant que lui mais tout de même !

Une qualité qui le caractérise ?

Il faut savoir que Quentin est particulièrement gentil. Il n’a pas l’appât du gain et a souvent payé de sa personne pour le plaisir de réaliser de beaux spectacles et de transmettre des émotions à son public. Il est plus riche de sa passion que de ses cachets ! Il est également très empathique. Même quand il essaye d’être un peu moins perméable, sa nature revient vite au galop comme il me le dit souvent.

Quel effet cela fait-il de voir son fils en spectacle ou sous le feu des projecteurs ?

Quand je le vois en spectacle je me fonds dans le public et je suis super fière car j’entends les gens dire du bien de lui et ne lui faire que des éloges.

Une petite anecdote à partager ?

Ah oui ! Il a un chat noir qu’il adore. Le chat porte un nom à rallonge imprononçable et la dame qui l’a élevé l’appelait affectueusement « Piou Piou », nom qui lui est resté ! Il est tellement amoureux de son chat qu’il a besoin quand il se déplace à l’étranger d’entendre le ronronnement de son chat par téléphone !

Le piou piou à son fetish…

Pour rencontrer Quentin Dée en chair et en tatouages, une seule solution… venir à la soirée Dark Fetish de la Chrysa le 12 Octobre pour une soirée exceptionnelle !



Et pour suivre l’actualité de Quentin…

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