La nuit où tout a basculé. Fiction Q

La nuit où tout a basculé. Fiction Q

4 corps, 4 bouches, 8 mains, 4 seins, 2 verges, 8 fesses, 4 âmes…

Ils avaient décidé entre eux qu’ils leurs banderaient les yeux.

Et qu’elles traverseraient l’hôtel comme cela.

Qu’elles se découvriraient d’abord par le toucher

Par le baiser…

C’est comme ça que tout a commencé.

Elles se fréquentaient depuis une petite année virtuellement.

Elles avaient discuté ensemble de libertinage

S’étaient électrisées très vite après leur première Cam.

Chacune avait révélé chez l’autre des désirs insoupçonnés.

Les hommes ont vite suivi quand elles leur ont proposé l’idée d’une rencontre.

Lorsqu’ils se retrouvent sur le parking, Olga et Sabrina, sont chacune dans leur voiture respective. Les yeux bandés, une pression certaine qui tend le corps.

De la peur mêlée d’excitation,

Le goût du vice caché qui leur remonte aux lèvres.

Les yeux qui sourient sous le bandeau.

C’est Olga qui sort la première. Elle porte une robe en guipure noire , des bas coutures et des escarpins à la cambrure indécente. Ses boucles blondes et rebelles encadrent son visage. Avec ses lèvres rouges elle ressemble à une héroïne des films des années 50. Elle semble sûre d’elle. Elle ne l’est pas du tout.

Lorsque la porte s’ouvre , Cédric ( le compagnon d’Olga) ne peut se retenir d’exprimer un Wouah de surprise. La longue paire de jambes de Sabrina a eu raison de lui , et le reste de sa silhouette qui se dévoile confirmera cette impression. Sabrina est une grande brune, très fine, ses cheveux longs retombent en larges boucles sur ses reins, et cette bouche mutine.

Un bonbon.

Florent et Cédric se saluent poliment et accompagnent leurs femmes l’une vers l’autre.

Aucune des deux ne sait pourquoi elles ont les yeux bandés.

Lorsque Florent dépose la main de Sabrina sur le bras D’Olga instinctivement leurs mains se dressent vers le visage de l’autre. Elles se parcourent les cheveux, tentent de découvrir l’autre sous la pulpe de leurs doigts, déjà hâtifs. La seconde d’après elles sont bouche à bouche,  ce premier baiser, réchauffe leur antre et le froid du parking.

Et comme au ralenti, leur bouche encore pleine du goût de l’autre, elles ôtent le morceau de tissus qui leur bandait la vue.

Telles deux gamines elles se prennent par la mains et filent en courant vers l’entrée du club ; laissant leurs hommes échanger quelques mots ,  gérer les affaires de limites, tabous etc.…

Olga et Cédric connaissent les lieux, et tout commence très simplement par le tour de l’endroit.

Tout y est grand et vaste.

La clientèle variée et respectueuse.

La fête bat déjà son plein et Sabrina a des étoiles plein les yeux.

Tout passe sous leurs yeux : Les couloirs sombres à l’épaisse moquette rouge, aux murs ornés de croix de St andré, la porte matelassée qui s’ouvre sur le donjon où un maître est en train d’officier avec sa soumise, les cages suspendues au dessus de la piste, les coins câlins aux portes en galandage, les lits ronds où s’ébattent des corps emmêlés de plaisir.

Et l’espace extérieur sublime, Hamiltonnien…

Il est 23H30 quand ils trinquent à Eros.

quand ils entrevoient sans équivoque la fin de la soirée.

Et Sabrina tire Olga par le bras l’entrainant sur le Podium, Elles n’existent que pour elles,  Tout les éloigne physiquement et pourtant elles sont si bien assorties.

Leurs bras se mêlent, leur jambes s’emmêlent et bientôt leurs langues s’entremêlent de nouveau.

Ce temps où la danse enflamme les corps et les âmes , ce temps si précieux de l’avant sexe, ce temps où tout se tend s’étend. On pourrait les croire suspendues dans l’air chaud et moite de la discothèque. Dans un clip indie elle s’uniraient là dans l’air , c’est l’impression qu’elles laissent dans l’esprit de leurs hommes.

Mais la réalité ( et la gravité) les rattrape vite ; et le temps inlassable battant également.

Ils veulent tout bruler, tout profiter, tout savourer, tout gouter, tout partager…

Elles et ils veulent «  tout, tout de suite, et que ce soit entier où alors Elles/ils refusent « 

Elles et Ils veulent «  un chef d’ouvre sinon rien ».

0h10 : Olga prend Florent par la main. Sabrina saisit cette de Cédric.

0h12 : ils s’établissent dans un coin câlin rappelant vaguement les palais orientaux.

Rapidement Elles ôtent leur vêtement et montent sur le lit. On dirait dans leurs yeux qu’elles ont de nouveau 17 ans, la fougue de découvrir le corps de l’autre, le désir débordant par tous les orifices.

Regards.

Regards dévorants

5.4.3.2.1 …. Impact

Les corps des naïades s’imbriquent, se tuilent, se séparent, se retrouvent.

Les bouches cherchent tout, les langues goutent tout.

Dans un mouvement fluide et ininterrompu Olga et Sabrina apprennent à se connaître sans les mots, découvrent que Sapho n’avait pas tord. Aucune des deux n’auraient parié là dessus. Mais les troubles physiques dont elles sont responsables et victimes à la fois attestent le contraire.

Les doigts écrivent un texte en Oui majeur, les langues une symphonie en Jouit mineur.

La nuit où tout a basculé. Fiction Q

Dans la bulle où elles se sont enfermées parce que c’était nécessaire, et que cela devait commencer comme cela, elles avaient tout oublié, leurs hommes, le club, et les badauds bandants qui ont assistés au spectacle.

En guise de salut, c’est une main tendue à leurs hommes qui les rejoignent.

Sans mots toujours les mâles changent de cavalière.

Les échanges se musclent.

Les sexes bandent

Les mains touchent

Les doigts caressent

Les bouches sucent

Les langues lèchent

Les mains attrapent

Les draps se froissent

Les mains s’agrippent

Les dos se cambrent

Les doigts pincent

Les bouches mordent

Les lèvres s’ouvrent

Les gorges accueillent

Les fesses sont fessées

Les cheveux tirés

Les visages dévorés

Les sexes prennent

Les sexes reçoivent

Les yeux se ferment

Les soupirs fusent

Les râles vrombissent

Les reins donnent

Les fesses rebondissent

Les mots crus trouent l’air

Les orgasmes sont proches

Les corps sont emmêlés

Seuls eux savent

Elles ont perdu le nord, le sud,

Elles ignorent qui baise qui,

A qui la main

la bouche

la queue

le téton, gout, onde, lèvre, gland, cul, clitoris, dos, bras.

Pour qui suis je à présent ?

Est ce que je m’appartiens seulement encore ?

Offerte au langage des chairs indolentes

Bientôt les fluides libérateurs coulent

Et les corps s’écroulent

Lourds et fourbus.

Il est trop tard dans la nuit

Où trop tôt le matin quand chacun regagne ses esprits.

Ont ils rêvé ?

Ont elles vécu ce moment ?

Est ce réel ?

Ni Olga, ni Sabrina, ni Florent, ni Cédric n’oublieront cette soirée.

La première d’une longue liste

La plus savoureuse

Celle par laquelle où cette nuit tout a basculé.

Celle la même qui les a baptisé libertins.

A jamais.

Récit réalisée par Olga Ivanov